Les Enfanats chapitre 2

CHAPITRE 2 : Zikaë

 

 

Zikaë faisait les cents pas dans sa vaste chambre. Son prétendant, Hark de la première planète du système Alpha et du système Béta, devait arriver dans la journée. En tant que fille de l’homme le plus puissant de cet univers, dirigeant des systèmes Zéta, Epsilon, Gamma et, le plus grand, Oméga, ainsi que la zone des portes, permettant de circuler entre les différents univers de trois dimensions, elle devait faire honneur à son père. Fille unique, sa mère étant décédée à sa naissance, elle était très vite devenue indépendante. Les lois fondamentales de la dimension 2 stipulaient qu’aucun de ses habitants ne devait être contraint à un acte tel que le mariage. Or, depuis ses treize ans, son père, l’empereur Zak, cherchait à la marier à un bon parti. Et au grand désespoir de son géniteur, la future impératrice s’arrangeait toujours pour déplaire à ses prétendants. Toutefois, depuis ses dix-sept ans, un homme du nom de Hark lui envoyait régulièrement des lettres – chose incroyable étant donné que ce moyen de communication avait disparu depuis plus d’un millénaire. Du moins l’avait-elle cru jusqu’à ce jour. Intriguée, elle avait répondu, manifestant pour la première fois son intérêt pour un homme. Homme hors du commun qui s’était révélé être une des étoiles montantes des systèmes Nords comme les systèmes Alpha, Béta, Mu et Nu.

 

Zikaë écarta les minces rideaux de soie et regarda le lever de l’étoile Sirius du haut de sa tour de cristal. Le spectacle était magnifique, comme toujours et cette fois encore, elle se surprit à regretter d’être née dans toute cette richesse. Une mince pression sur ses bracelets impériaux et sa chemise de nuit laissa place à une longue tunique bleue pâle. Un délicat diadème d’argent ceignait maintenant son front, assortit à ses bracelets qui venaient de prendre la même teinte, et à ses sandales, dont les lanières lui enserraient les mollets. Alors qu’elle s’apprêtait à sortir, une femme assez âgée passa la porte. D’un œil sévère, elle s’avança vers elle.

« - Jeune Impératrice ! Vous n’allez pas sortir alors que votre futur époux ne vas pas tarder !

- Je n’ai jamais dit que j’allais me marier. Et je …

- C’est pourtant ce que souhaite votre père, l’Impérator.

- Je n’ai que faire de ses désirs. » En disant ces mots, elle s’avança vers la vitre de cristal, paumes tendues, ses bracelets projettant des étincelles. Alors qu’elle commençait à traverser le fin matériau, une force la repoussa brutalement dans la pièce. Quand la jeune femme retenta l’expérience, la vitre resta solide. Un coup d’œil à la vieille sorcière lui fit comprendre que celle-ci l’empêchait de sortir.

« - Vous n’avez pas le droit de m’empêcher de sortir !

- Bien sûr que si, c’est un ordre de ton père. » Les rôles semblaient s’être inversés : voilà que la vieille peau la tutoyait !

« - Je suis libre de faire ce que je veux. » Se retenant de ne pas pulvériser cet être abject avec  ses pouvoirs surpuissants, elle sortit de la pièce par la porte, l’autre sur ses talons. La fille de l’Impérator aurait très bien pû contrer ses pouvoirs, mais après tout ce temps à dissimuler son formidable potentiel à son environnement, elle n’allait sûrement pas relâcher tout ses efforts sous l’effet de la colère !

                Alors qu’elle allait passer la porte qui marquait la fin de ses appartements, celle-ci se referma devant elle. Sans se retourner, elle inspira pour garder son calme puis soupira :

« - Mais qu’est-ce que vous voulez à la fin ?

- Vous devez vous vêtir convenablement. » La jeune femme se retourna, offensée.

« - Comment ça, convenablement ? Je suis très bien comme ça !

- Très bien, pour une jeune fille quelconque. Vous êtes la fille de l’Impérator ! Ces robes conviennent plus à votre rang. » Et elle fit apparaître d’un geste de la main plusieurs robes bleues, rouges, violettes, brodées d’argent, d’or et de diamants. Zikaë redressa fièrement la tête.

« - Je ne suis pas une marchandise. Si je dois aujourd’hui rencontrer le prince Hark, je veux qu’il me voit telle que je suis, et non déguisée en ce que je ne suis pas. » Tandis que la sorcière s’apprêtait à lui forcer la main, la porte s’ouvrit sur un domestique.

« - Mademoiselle, l’Impérator. » La vieille se mordit les lèvres de dépits, fit disparaître les robes et s’éclipsa. Tendue, Zikaë regarda son père entrer dans la pièce. Elle s’inclina devant lui. D’une voix glaciale, l’homme parla. Mais pas à elle.

« - Veuillez m’excuser pour l’insolence de ma fille, Sire Hark, mais elle ne semble pas comprendre la chance qu’elle a que vous vous intéressiez à elle. »  Sire Hark ? La rebelle se retint à grand peine de se redresser et d’observer son prétendant, n’ayant pas reçu l’ordre de son père.

« - Cela ne la rend que plus intéressante à mes yeux. » La voix grave et le compliment de l’interpellé la fit rougir.

« - Je compte sur toi pour faire honneur à notre nom, Zikaë. » Puis il rajouta avec son esprit :

«  Si tu fais échouer ce mariage, tu revivras cette année toute ta vie, sans jamais revoir le jour. » Elle frissonna en repensant à cet an de malheur, lorsqu’elle avait eut quatorze ans et que son père l’avait séquestrée et battue durant presque treize mois. Plongée dans ses souvenirs, elle n’entendit pas l’Impérator quitter la pièce.

« - Relevez-vous Zikaë. » Malgré la douceur de la voix, elle sursauta. Deux mains se posèrent sur ses épaules, la redressant face au prince. Alors que son père faisait à peu près la même taille qu’elle, l’homme qui la regardait était plus grand de quinze bons centimètres. Ses cheveux blonds retombaient en boucles souples sur ses épaules. Ses yeux bleus pailletés d’or la fixaient avec douceur et admiration. Sa peau d’ambre soulignait ses traits, dissimulant son âge. Il était vêtu d’un élégant ensemble or et turquoise, ses bras nus recouverts de bracelets de pouvoir et de lanières soulignants ses muscles. Un bandeau d’or ceignait son front, retenant sa délicate chevelure. Son gilet, sur lequel s’étalaient les emblèmes des systèmes Alpha et Béta, se refermait sur son torse avec un mélange complexe de lanières et de fils d’or. Ses sandales étaient nouées sur ses puissants mollets, scintillantes comme de l’or, et un pantalon court, d’un bleu presque noir, s’accordait parfaitement avec l’ensemble de la tenue. Elle rougit de nouveau, pensant au triste spectacle qu’elle devait offrir comparée à lui. Comment un tel homme pouvait-il lui porter intérêt ? Lisant ses pensées, l’homme répondit :

« - Ce sont juste ces vêtements qui ne sont pas à la hauteur de votre beauté… »

Il posa la main sur son abondante chevelure et elle sentit une douce chaleur la parcourir. L’instant d’après, il retirait sa main, un sourire satisfait sur le visage. Comme lui, un bandeau d’or lui ceignait le front, laissant retomber ses cheveux châtains sur ses épaules et jusqu’au bas de son dos. Un court gilet rouge, sans manches, se refermait avec des lanières d’or dans son dos. Il était séparé en deux sur le devant, mais de pareil lanières le maintenait fermé, laissant tout de même une ligne de peau visible. Il s’arrêtait au-dessus de son nombril et des lanières d’or le reliaient à la jupe rouge qui allait avec. La jupe longue était fendue de chaque côté, jusqu’au niveau du haut de ses cuisses, et des fils de même matière maintenaient les deux pans ensembles jusqu’au-dessus des genoux. Des sandales de la couleur de son bandeau enserraient ses jambes fuselées jusqu’aux genoux, renvoyant des reflets dorés. Ses bracelets de pouvoir avaient prit la même couleur, et ses vêtements étaient ornés de motifs complexes. Le prince lui trouva un air de reine amazone. Il leva vers elle des yeux  émerveillés et croisa son regard embarassé. Ses yeux d’or venaient parfaire sa beauté. Elle avait honte de ses formes ainsi exhibées, mais osa demander :

« - Vous plairais-je, beau sire ? » Il lui sourit, prit son menton dans sa main et déposa un doux baiser sur ses lèvres. Alors que son cœur s’emballait, il planta son regard franc dans le sien.

« - Vous m’avez ensorcellé… » Il fit glisser sa main dans les doux cheveux de la jeune femme.

«  Cela fait si longtemps que je voulais vous voir et je ne souffrirais pas d’être séparé de vous. Voulez-vous m’épouser ? »

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